Jacques Mazaud
Je suis arrivé en Afrique, à Dakar, le 27 février 1957 ; mon père avait demandé sa mutation pour six ans au Sénégal.
Pour moi qui sortais d’un l'hiver qui avait tué un nombre incalculable d'oliviers en Provence, le choc thermique fut déstabilisant : il ne pouvait pas faire aussi chaud TOUT LE TEMPS !
Arrivé " aux colonies " AOF Afrique occidentale française, je repartis d'un pays ayant voté son indépendance. Souvenirs de liesse populaire dans les rues de la capitale, nous y courions sans crainte.
En 2003 j'ai convaincu mon groupe d'amis de m'accompagner marcher une semaine, de village en village, le long de le falaise de Bandiagara.
Au cours de ce périple, Gilbert Beltrame, le médecin du village de Goult, a noué une amitié avec ALI TAPILI, NOTRE GUIDE AU PAYS DOGON.
Après plusieurs voyages au Mali, il décida qu'il aurait un pied à terre (sens propre et figuré) dans le village de Dourou.
C'est sur le toit en terre de cette case que nous avons passé quelques nuits, les yeux tournés vers les étoiles, la bouche desséchée par la poussière que l'Harmattan y avait déposée.
Pour son respect des anciens, pour sa sagesse, Ali est une personnalité appréciée et reconnue dans la région de la falaise dont il parle un grand nombre de dialectes.
Nous nous sommes toujours sentis en sécurité à ses côtés.
Il est également agriculteur une partie de l'année, nous avons souvent longé les champs d'arachide, au repos au mois de février.
Ces mois d’hiver sont voués aux curieux de cette civilisation si riche et si complexe, apportant une part de revenus non négligeable : "l'or blanc" palliant en partie l'absence "d'or noir".
Aujourd'hui les conditions de sécurité interdisent le tourisme, augmentant les difficultés de ce pays démocratique.
J'ai plusieurs fois quitté l'Afrique, l'Afrique ne me quitte jamais.